La région de Phongsaly est une région montagneuse du nord du Laos. L'influence de la Chine limitrophe est telle que dans les principaux villages tout est écrit en chinois.

Différentes ethnies y vivent de manière presque autarcique. Nous avons décidé de faire un track pour découvrir leurs villages cachés dans la jungle et leurs modes de vie toujours traditionnels.

Pour ça, il nous fallait un guide, tout trouvé dans un office de tourisme: Adone. Jeune mec dynamique, monté sur ressort, curieux, non farouche, et surtout parlant la langue des ethnies que nous allions rencontrer, les Akhas Eupa et les Lomas.

Pour nous rapprocher au plus prêt des villages, nous avons commencé ce track dans une voiture privée. Évidemment, comme à chaque fois, avec la musique pop-folklorique lao qui va bien, à fond dans les hauts parleurs. Parcourant les pistes accidentées et poussièreuses avec une certaine aisance, déjà apparurent quelques premiers villages pittoresques aux maisons de bambou.

Arrivés à bon port, c'est à dire au milieu de nulle part sinon la jungle, notre track pouvait commencer. Malgré notre sûr-entraînement néo-zélandais, cette première journée fût assez difficile. Nous avons marché dans les reliefs de la jungle sous une chaleur assommante. Notre guide ne semblait pas particulièrement en difficulté. Il sortait parfois son coupe-coupe pour débroussailler le passage et garder un chemin suffisamment visible.

Après 3h de marche sous un soleil de plomb, ce qui semblait un champs nous apparut. Au loin deux femmes labourant le terrain au milieu d'une terre, à notre surprise, brûlée. Nous étions arrivés sur les terres du premier village appartenant à l'ethnie Akha. Une des deux femmes était la femme du chef.

Un des éléments notables à la croisée des deux femmes était qu'elles étaient sains nus, preuve de fertilité.

Après avoir dégusté des coeurs de bambou crus (pas top) nous avons repris notre chemin en direction du village situé à plus d'une heure de là! Et pas un chemin tranquille sur sentier balisé, chemin plutôt traçant «tout droit» en travers les colonies. Bref, après avoir re-sué deux-trois gouttes nous arrivions enfin au premier village.

Rapidement nous avons rencontré le chef et ses 3 enfants (personnellement j'en ai plutôt vu 9 gravir autour) qui nous à dirigé vers notre modique logement, faisant aussi office de salle à manger pour les invités, interdit aux femmes et aux enfants. Les femmes invitées jouissant d'un statut particulier peuvent néanmoins pénétrer le lieu.

Après avoir déposé nos affaires nous sommes partis faire une petite ballade dans le village. Rapidement nous avons retrouvé notre guide Adone buvant du Lao-lao (distillée sur place) chez un ami à lui. Nous nous sommes évidemment joint à eux avant de reprendre notre

marche en direction d'un village voisin. Là, tous les gamins environnants se sont mis à nous suivre en se cachant dès lors que nos regards se tournaient vers eux. Leur timidité à vite été surpassée après quelques photos. Voir leurs propres visages sur un écran les faisait bien marrer.

De retour dans la maison du chef pour manger au coucher du soleil, la musique nous frappa. Même ici, comme partout ailleurs au Laos, tout prétexte est bon pour mettre de la musique discernable dans toute la vallée. Dans ce cas, le prétexte était la fin de construction d'une nouvelle maison.

Le repas s'est uniquement déroulé avec le guide et le chef de village s'amusant notamment de nos lunettes de vue. On avait l'impression qu'il re-découvrait le monde. Après le passage de deux vieux en fin de repas pour fumer et boire du lao-lao nous sommes rapidement allés nous coucher car le levé du lendemain était programmé pour 5h45. C'était sans compté la musique, hurlante jusqu'à 1h du matin...

Au deuxième jour la marche fut bien plus facile qu'à la veille. Nous nous sommes contentés de suivre un chemin reliant plusieurs de ces villages perdus dans la jungle. Pour l'eau, mise à part les premières bouteilles de la journée remplies d'eau bouillante au village, nous nous sommes toujours ravitaillés directement dans des sources. Pour la toilette, nous nous sommes arrêtés au bord d'une rivière où des gamins en faisaient de même.

Après avoir appris «1km à pied, ça use les souliers» à Adone et à d'autres gamins croisés sur les sentiers (il y a des gamins partout par là), avoir passé AC/DC à fond sur le portable en pleine jungle, et s'être raconté mutuellement pleins de petites histoires (très demandé par notre guide curieux), nous avons rapidement rejoint un village pour manger le midi.

Petite visite rapide, toujours suivi par une masse de gamin, puis reprise de notre marche, toujours sous un soleil de plomb. L'après midi nous avons notamment croisé des femmes travaillant aux champs, une école et son marchant de glace en scooter.

Arrivés au village de fin d'après midi, le cérémonial d'accueil fût un peu plus retenu qu'au premier. Le chef du village étant mal en point. Après une visite du village comme la veille, nous avons juste partagé le thé avec lui. Le repas s'est uniquement fait avec un des fils. Fils qui chaque nuit partait dormir au chantier de la nouvelle école afin d'assurer une présence sur les lieux.

Comme dans tous les autres villages, les femmes étaient très timides. Se sont elles qui s'occupent du travail très difficile dans les champs pendant que les mecs attendent que ça se passe sur leur terrasse. Les hommes s'occupent plutôt de construire si besoin de nouvelles maisons et de chasser selon leur motivation.

Le dernier jour, nous devions avancer vite pour choper un bus au bout du track. Nous avons croisé un village qui déménageait. Déménagement provoqué pour se rapprocher des champs devenus trop loin car brûlés après chaque récolte. Nous avons d'ailleurs eu l'occasion d'aider le chef qui prenait le même chemin que nous pour trouver un plus gros village et réparer sa moto ciblée par des villageois contestataires du déménagement.